Aristote (384 Av. J.C)

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Aristote est un philosophe grec qui naquit à Stagire (actuelle Stavros) en Macédoine (d’où le surnom de « Stagirite »), en 384 av. J.-C., et mourut à Chalcis, en Eubée, en 322 av. J.-C.

Il a discuté les thèses philosophiques de son maître Platon et a développé les siennes propres dans le sens d'un réalisme philosophique qui prend en compte les informations fournies par les sens. Il s'est également beaucoup intéressé aux sciences physiques, biologiques, astronomiques, rhétoriques et éthiques. Il est également l'inventeur de la logique formelle.

Biographie

Son œuvre comporte très peu de détails biographiques. De même, il n’existe guère de témoignages contemporains qui nous soient parvenus. Ses doxographes lui sont postérieurs de quelques siècles (Denys d’Halicarnasse, Diogène Laërce...). Sa biographie n’est donc connue que sur des grandes lignes.

Son époque est marquée par le renouveau de l’empire macédonien et le déclin de l’influence de la démocratie athénienne. C’est à Aristote que le conquérant Philippe II de Macédoine confia l’éducation de son fils Alexandre le Grand, avalisant peut-être ainsi l’idée de Platon selon laquelle « puisque les philosophes ne peuvent devenir rois, il convient que les rois deviennent philosophes » (Lettre VII).

Fils de Nicomaque, médecin d’Amyntas III de Macédoine, et d’une sage-femme, Aristote était assoiffé de connaissance. Pour ces raisons, il suivit à Athènes les cours d’Isocrate, mais peu satisfait il décida de rentrer à l’Académie de Platon à l’âge de 18 ans (vers 367 av. J.-C.).
Il y fut remarqué notamment pour son intelligence. Platon lui donna même le droit d’enseigner. Il rédigea de nombreux récits et s’intéressa à la vie politique locale mais ne put y participer du fait de son statut de métèque (« étranger » à la cité).

Il demeura à Athènes jusqu’en 348 av. J.-C., jusqu’à la mort de Platon, puis rejoignit à Assos, en Éolide, le roi Hermias, un ancien condisciple. Il y débuta des études de botanique et y épousa une dénommée Pythias.

À la mort de son protecteur, il rentra en Macédoine et devint le précepteur d’Alexandre le Grand. À la cour du roi de Macédoine, Philippe, il acquit de nombreuses amitiés. Devenu veuf, il se remaria avec Herpyllis de qui il eut un fils qu’il nomma Nicomaque, du nom de son propre père.

En revenant à Athènes, peu satisfait par Xénocrate, successeur de Platon à l’Académie, il décida de fonder le Lycée, ou École péripatétique (« marcher en faisant cours »), à Athènes en 335 av. J.-C.. Menacé par le parti anti-macédonien à la mort d’Alexandre le Grand, il fuit Athènes et, sentant la mort arriver, rédigea son testament dans lequel il lègue son Lycée à Théophraste. Il meurt à Chalcis en 322 av. J.-C. La même année, le royaume macédonien s’empare d’Athènes.

L’évolution de l'œuvre et sa transmission

Son œuvre nous est parvenue sous forme de notes de cours, ce qui explique le caractère parfois abscons de certains de ses écrits. On sait cependant qu’il écrivit de son vivant des dialogues à la manière de Platon, dont il ne nous reste que de rares fragments (Eudème, Protreptique, La Philosophie, ou Du Bien). Cicéron parle « d’un fleuve d’or de son éloquence » et les juge mieux écrits que ceux de Platon. Ces dialogues représentent l’œuvre exotérique d’Aristote, destinée à un public vaste. Les notes de cours que nous possédons sont l’œuvre ésotérique d’Aristote, destinée au Lycée. On a parfois pu penser que l’œuvre d’Aristote contenait des enseignements secrets, du fait de ce qualificatif d’ésotérique. Or "ésotérique" a d’abord désigné les œuvres d’Aristote destinées au public du Lycée, et ensuite seulement un enseignement secret réservé à quelques initiés. Après sa mort, son œuvre perdure grâce à de nombreux continuateurs, comme Théophraste. C'est Andronicos de Rhodes qui fut chargé par Rome de restaurer le corpus aristotélicien laissé dans une cave. Andronicos s'est chargé de donner des titres à des recueils de textes qu'il a lui-même rassemblés et qui ne doivent rien à Aristote bien que la plupart dénotent cependant une forte érudition. Tous les recueils sont dans un des trois groupes suivants: celui des sciences théorétiques, celui des sciences pratiques ou celui des sciences poétiques.

Des disputes politiques et théologiques ont marqué les relations entre les mondes grec et latin tout au long de l'Antiquité tardive et du Haut Moyen-âge. Disputes souvent liées à la nature divine et humainde du Christ et aux controverses à ce sujet. Les querelles de mot étaient d'autant plus importantes que chacune des deux cultures dominantes de l'Europe et de la Méditerrannée privilégiait sa propre langue. L'idiome de référence des débats constituait une importance capitale dans cet affrontement culturel. Chacun s'est recentré sur sa langue de prédilection et l'Europe latine a relativisé l'importance du grec dans l'enseignement et la vie intellectuelle. Au bas Moyen-âge, les enjeux n'étant plus les mêmes, il revient un intérêt pour l'héritage grec et en particulier Aristote. Mais la situation politique est alors toute différente. Au Proche-Orient, Byzance est en concurrence avec le monde musulman qui s'étend à l'Egypte et à la Syrie, anciens foyers culturels grecs de première importance. Les ouvrages classiques grecs sont très tôt traduits en arabe qui devient une langue de diffusion de ce savoir. Par l'Andalousie musulmane, en particulier, le mode de diffusion est plus rapide et concurrence celui de Byzance.

La vie intellectuelle en Islam, aux mêmes époques, est imprégnée d'hellénisme. On peut citer parmi d'autres Al Kindi et, surtout, au XIIe siècle, Averroès (Ibn Rush) ainsi que le philosophe, théologien et médecin juif Maïmonide.

Cette transmission de l'héritage grec et donc aristotélicien non seulement par l'idiome grec ou latin mais aussi parfois par la langue arabe, au début du bas Moyen-âge, est aujourd'hui de nature polémique. La reconnaissance d'un rôle plus ou moins important de la culture arabo-musulmane dans le dialogue des civilisations porte en soi une charge politique et émotionnelle importante des deux côtés de la Méditerrannée.

Le développement des idées d’Aristote.

L’état du corpus aristotélicien pose la question de l’ordre de rédaction de l’ensemble des œuvres d’Aristote ; dans son Histoire de la philosophie des Grecs, Édouard Zeller écrit :

« Toutes les œuvres en question appartiennent aux dernières années de la vie d’Aristote. Si un jour une heureuse découverte devait enrichir nos connaissances sur l’ordre chronologique de ces écrits, il n’y aurait pourtant pas à espérer que l’ouvrage le plus ancien nous fasse remonter à une époque où Aristote travaillait encore à son système. Dans toutes ses parties, celui-ci se présente à nous comme un tout achevé ; nulle part nous ne voyons encore l’architecte à l’œuvre. »

Cette hypothèse fut longtemps admise, et cette influence s’explique par la conception scolastique de la philosophie d’Aristote. L’exégèse traditionnelle, selon l’expression de Werner Jaeger, lui a ainsi donné un air rigide de schématisme conceptuel. C’est pourquoi, dans l’histoire de l’interprétation aristotélicienne, l’œuvre de Jaeger (Aristoteles, Grundlegung einer Geschichte seiner Entwicklung) est considérée comme un événement majeur. Au lieu de présenter un système tout fait, Jaeger s’efforce de retrouver le devenir interne de la doctrine. Il divise ce devenir en trois étapes :

  • L’époque de l’Académie : époque du dogmatisme platonicien.
  • Les années de voyage : naissance d’un platonisme critique.
  • Le maître : second séjour à Athènes, et avènement de l’aristotélisme proprement dit.

L’époque de l’Académie.

C’est l’époque du dogmatisme platonicien (œuvres de jeunesse, l’Éthique à Eudème, Protreptikos). Jaeger rapproche la forme du dialogue aristotélicien et les derniers dialogues de Platon où domine la méthode de classification et d’abstraction, la dialectique. L’Éthique à Eudème nous montre un Aristote platonicien (substance et âme, transcendance du Bien, réminiscence, immortalité, Idées). Quant au Protreptikos, il date d’avant la mort de Platon, et il est un programme de vie et de formation platonicienne ; la phronèsis est un concept nettement platonicien, et le nous renvoie aux spéculations du Timée, du Philèbe, des Lois. Or, on ne trouve plus ce concept dans la Métaphysique. On ne trouve plus non plus dans l'Éthique à Nicomaque une éthique aussi exacte que les mathématiques ; cette conception y est même combattue. 

Les années de voyage

C’est la naissance d’un platonisme critique. Platon meurt en 348–347, et Aristote quitte Athènes. C’est, selon Jaeger, le Peri philosophias qui permet de se faire une idée de l’activité philosophique d’Aristote à cette époque. Jaeger s’efforce de reconstituer cette œuvre. Elle exprimerait une philosophie de transition, en procédant à des corrections du platonisme. Le premier livre fait l’histoire de la sagesse antique, et fait du platonisme un sommet de la philosophie. Le deuxième livre critique la théorie des Idées-nombres. Le Peri philosophias aurait d’ailleurs été écrit à la même époque que la critique des Idées dans le premier livre de la Métaphysique. Enfin, le troisième nous renseigne sur la cosmologie et la théologie du jeune Aristote. Plusieurs thèmes platoniciens y sont repris : identification de la théologie et de l’astronomie ; principe du premier moteur immobile (idée qui a son origine dans les Lois) ; l’âme des astres ; mais Aristote s’éloigne parfois de Platon. Ce serait là le moment de fondation de la théologie hellénique et même de la philosophie de la religion. On peut dire que même après la critique des Idées, Aristote garde encore assez longtemps certains concepts platoniciens (âme, immortalité, etc.)

Jaeger examine également la Métaphysique, et distingue plusieurs états du texte : il y trouve une métaphysique primitive et un platonisme corrigé. Ainsi avons-nous deux textes qui font la critique des Idées (A, 9 et M, 4-5). Pour Jaeger, les deux premiers livres feraient alors parties d’une métaphysique primitive ; le livre M daterait d’une époque où l’école péripatéticienne s’oppose à l’école platonicienne (donc, au moment du second séjour à Athènes). Mais la partie M, 9-10 ferait également partie de la métaphysique primitive, avant d’être remplacée par M, 1. Le livre Z, sur la substance, aurait été introduit plus tard, pour donner un plan à l’ensemble, puisque dans ce livre la métaphysique n’est plus la science du suprasensible, mais de l’être en tant qu’être ; ce point ferait donc apparaître aussi l’évolution critique d’Aristote par rapport à Platon, sans que l’on sache bien si Aristote soit parvenu à surmonter cette conception contradictoire de la métaphysique : théologie ou science de l’être en tant qu’être ?

De même en ce qui concerne l’éthique, on peut distinguer une étape platonicienne (Protreptikos), un platonisme critique (Éthique à Eudème), et l’aristotélisme proprement dit (Éthique à Nicomaque). Le même genre de remarques peut également s’appliquer à la politique. 

Le maître du Lycée

Enfin, le second séjour à Athènes marque l’acmé de la philosophie aristotélicienne. Ce qu’on appelle habituellement aristotélisme a été élaboré pendant la seconde époque. Dans la troisième période, Aristote se livre à des recherches empiriques et il crée un nouveau type de science : ses enquêtes se caractérisent par la description et l’observation des choses particulières.

  • recherches archiviques pour l’histoire du théâtre et des jeux ;
  • recherches zoologiques et botaniques ;
  • anthropologie et physiologie ;
  • histoire des sciences ;
  • médecine. 


Division de la philosophie d’Aristote

Aristote a été l’un des premiers à procéder à des classifications hiérarchiques systématiques des connaissances et des concepts, s’inspirant peut-être des divisions utilisées pour l’organisation des armées (cette thèse serait à expliquer).

Sa philosophie se divise en trois parties ; cette division est remarquable, car elle diffère de la division habituellement reçue (logique, physique, éthique) : la philosophie théorétique, la philosophie pratique et la philosophie poétique. La partie théorétique se divise à son tour en physique, mathématique et théologie ; la philosophie pratique en économique, éthique, politique et rhétorique; la poétique comprend toutes les activités qui produisent une œuvre.

Science théorétique (?πιστÞμη)

S'occupe du nécessaire et des causes les plus universelles des choses, par voie de démonstration : démontrer, c'est montrer la nécessité interne qui gouverne les choses. La science démonstrative "part de définitions universelles pour arriver à des conclusions également universelles".Le mode de démonstration des différentes sciences diffère selon la spécificité de leur objet. Il y a trois manières de dégager le nécessaire dans les choses, car l'être se déploie sous des modes multiples : selon la substance, la puissance, l'acte, l'accident et le vrai[1]. Ne vise ni l'agir ni la production : caractère désinteressé de la science.

  • physique : substances qui ont en elle-même le principe de mouvement et sont composés de matière, de forme et du composé des deux. La physique traite de l'acte de composition finalisé de la matière et de la forme, par application des premiers principes.

On peut parler d'entropie négative de la physis (principe de dégradation qui croît) S'occupe 1) des choses sensibles du monde sub-lunaire, soumises à la corruption et 2) des choses incorruptibles (astres).

  • mathématiques : substances séparées et immobiles en tant que déterminations intelligible du Beau ; comprend optique, astronomie et harmonique.
  • théologie : science première (dont s'occupe notamment la sophia spéculative). 


Science pratique (πραξις)

La phronesis est tourné vers l'action (praxis), c'est à dire que sa fin est dans l'agent qui produit cette action (le bonheur, par exemple). Ayant en elle-même sa propre fin, la praxis n'a pas de point d'arrêt : on peut voir et continuer à voir, être heureux et continuer à l'être, etc… La phronesis est un mode de connaissance qui porte à la fois sur l'universel et sur le particulier : c'est donc une connaissance des moyens de réalisation de l'universel.

  • éthique : réaliser sa vertu
  • politique : détermine la fin des activités humaines (vers le Bien)
  • économique : détermine la fin des activités de la famille


Science poéitique (τÝχνη)

Il s'agit du savoir-faire et technique dans les arts. Prédisposition naturelle qui a pour but la production d'un objet qui n'a pas son principe en lui-même (contrairement au vivant : physis), mais dans l'agent qui le produit. Son domaine est l'utilité et l'agrément. Elle vise toutjours le particulier et le singulier, mais demande un savoir-faire qui peut s'apparenter à une connaissance scientifique. 

Sciences théorétiques

La logique ou organon

L’Organon n'est pas à proprement parler un ouvrage théorétique : "organon" (??γανον) signifie "instrument de travail". C'est donc un ensemble de traités qui forment une méthodologie de la réflexion, autrement dit la logique aristotélicienne. L’ordre de ces traités n’est toutefois pas chronologique. Aristote a d’abord réfléchi aux règles de la discussion (Topiques) avant que ses recherches dans le domaine de la logique ne lui permettent d’inventer la théorie du syllogisme (raisonnement en grec) : il a répertorié l’ensemble des syllogismes dans les Premiers Analytiques. (Pour un exposé complet de la théorie du syllogisme voyez à cet article).

Les deux premiers traités de l’Organon traitent des éléments du syllogisme (les termes et les propositions) ; les Premiers Analytiques traitent du syllogisme en général, les Seconds Analytiques des syllogismes dont les prémisses sont nécessaires et les Topiques traitent des syllogismes dont les prémisses sont probables (raisonnement dialectique à partir d’opinions généralement acceptées).

Si Aristote passe pour l’inventeur de la logique formelle, le statut de la logique dans sa pensée n’est pas très clair : est-elle un organon (instrument, outil) ou une propédeutique ? Nous ne le savons pas. Il semble, mais c’est fort douteux, que la logique devait permettre à ses yeux d’inventer des raisonnements producteurs de savoir ; néanmoins il en use très rarement. Il est donc possible qu’Aristote entendait en réalité mettre le savoir déjà constitué sous la forme systématique du syllogisme.

Toujours est-il qu'aux Topiques la dialectique devient un simple exercice dénué de certitude scientifique, toutefois cet exercice souligne la nécessité de bien distinguer le sens des mots, pour éviter les confusions. Les Catégories analysent donc les termes des propositions ; de même, la proposition sera définie comme la composition d’un sujet et d’un attribut, car selon lui, un problème dialectique consiste à demander si l’un appartient réellement à l’autre ou non. La forme de la proposition est donc : B appartient à A. (Ceci n'empéche que plus tard, le Ch. 4 de Mét. Γ accorde à la dialectique un rôle bien plus substantiel, puisque la réfutation offre le seul chemin pour parvenir a une preuve du 'principe'.)

La logique d’Aristote fut longtemps dominante, développée et perfectionnée au Moyen Âge ; mais elle n’est pas la seule logique de l’Antiquité ; il existe aussi une logique mégarico-stoïcienne, très différente dans ses principes (voir Stoïcisme).

La logique aristotélicienne du tout vrai ou tout faux (ou du tiers exclu) est parfois considérée[réf. nécessaire], notamment de nos jours comme une logique binaire représentant mal la complexité des choses. Il a fallu attendre le début du XXe siècle pour que l'évidence de ce principe de bivalence soit clairement remise en question, et que se développent des logiques non standard (logique trivalente, logique floue, ...)[2].

Par ailleurs la logique ne peut se comprendre que par sa relation organique avec la rhétorique. La rhétorique use des mêmes moyens que ceux de la logique, mais au lieu d'argumenter sur des vérités ou des postulats scientifiques, elle argumente, usant des mêmes méthodes, sur des opinions, des vérités singulières. C'est pourquoi la rhétorique est, chez Aristote, le moyen propre au débat et à la réflexion dans la vie politique, la polis, tandis que la logique, opératoire dans la science, est inefficace et même nuisible dans la vie politique. La Rhétorique forme ainsi l'articulation pratique, dans l'œuvre d'Aristote, entre la Politique, les Ethiques, et la Logique. Elle explique comment et pourquoi l' homme, animal doué de raison et qui parle (en grec ces deux qualités se nomment simplement le logos), utilise la parole efficacement utilisée pour parfaire, dans la polis, sa nature. L'homme en société rend l'organon pratique.

Il faut noter que chez les Aristotéliciens arabes du Moyen-Age, essentiels pour la transmission de cet aspect de l'aristotélisme, l'organon logique incorpore le syllogisme rhétorique ou enthymème, et l'argumentation poétique, en continuité.

La physique

La physique est, comme l’indique son nom, la science de la nature (« physique » vient du grec physis (?ýσις) signifiant « nature »). Comme toute science, elle a pour but de connaître son objet par les causes. Ce concept de nature désigne pour Aristote un principe interne de mouvement et de repos. La première chose à faire pour établir cette science, une fois le mot défini, est de montrer que la nature existe : y a-t-il des choses en mouvement, et la cause de ce mouvement est-elle une nature, i.e. un principe ?

Aristote tente de définir le mouvement : « acte (entéléchie) de la puissance en tant que telle » (Physique, III, 1, 201, a 10s). Certains traducteurs écrivent « tel » au masculin. Que faut-il en penser ? Cette question est toujours l’objet d’une réflexion approfondie.

La psychologie

Un corps organisé a la vie en puissance, c’est-à-dire qu’il ne possédera les fonctions vitales de nutrition, de croissance, etc. que s’il possède la forme-substance de l’âme. Dans De l’Âme (livre II), Aristote définit celle-ci comme « l’entéléchie première d’un corps naturel qui a la vie en puissance. » L’âme n’est pas toujours en acte dans le corps (comme dans le sommeil par exemple), mais elle est toujours la condition nécessaire des fonctions du corps. Elle est donc le principe animant du corps, son moteur immobile : Aristote s’oppose ici encore à Platon, en rejetant les théories de l’âme comme pilote du corps qui impliquent l’indépendance de la première par rapport à ce dernier. En réalité, pour Aristote, il n’y a pas de vie séparée ni de l’un ni de l’autre.

L’étude de l’âme relèvera donc de la biologie et de la physique, par l’étude des puissances de l’âme, ce que nous appellerions la psychophysiologie : étude des fonctions nutritive, sensitive, motrice et cognitive. Ces fonctions sont hiérarchisées dans l’organisme vivant, i.e. par exemple, pour avoir la cognition, il faut nécessairement posséder la sensation. Ces fonctions ne diffèrent pas réellement les unes des autres, l’âme est bien une dans le corps, mais on les distingue logiquement, suivant leur fonction.

La biologie

Les œuvres consacrées à la biologie représentent près du tiers de l’œuvre d’Aristote. On pense généralement que ces œuvres sont les plus tardives, écrites bien après l’Organon ; il abandonne complètement sa logique, au profit de la seule observation : la théorie devra rendre compte de ce qui est observé, et non l’inverse — alors que Platon, dans sa classification des animaux (cf. Le Sophiste) met les poissons dans le même groupe que les oiseaux, ou qualifiait l’homme d’« animal bipède sans plumes ».

Ces œuvres semblent adressées à un public cultivé, moins large que celui auquel les dialogues étaient destinés, mais ne se limitant pas aux membres du Lycée.

Une des difficultés auxquelles se heurte Aristote est que la nature est le lieu de l’accidentel : on ne peut discourir sur ce qui se produit nécessairement, comme c’est le cas pour la théologie ou les mathématiques, mais sur ce qui se produit le plus souvent : le meilleur exemple est l’existence des monstres. La nature n’est pas pour autant complètement livrée au chaos, un ordre se dégage de l’observation : « la nature ne fait rien en vain ni de superflu » : tout a sa raison d’être, donc est explicable par la raison.

Cette œuvre est principalement descriptive : L’Histoire des Animaux n’est qu’une compilation de faits concernant la vie des différentes espèces animales ; Parties des Animaux s’intéresse lui à la classification des animaux par genre et par espèce. Il est intéressant de noter que ce pan de la science aristotélicienne aura une durée de vie bien plus importante que sa physique : cette dernière fut critiquée et mise à bas par les découvertes de Galilée, mais la classification des animaux d’Aristote perdurera elle jusqu’à Buffon (1707-1788).

Les végétaux

Il n’évoque les végétaux que pour les situer dans un plan plus général d’organisation des organismes vivants, Aristote ne s’intéresse qu’assez peu à l’étude des plantes pour elles-mêmes.Aristote dit que les plantes se nourrissent essentiellement d'humus, c'est-à-dire de matières organiques, qu'elles puisent dans le sol.

Les couleurs

Dans De Coloribus, Aristote inaugure non seulement la science des couleurs, mais aussi la relation entre la couleur et le caractère. C’est ainsi qu’il soutient que ceux qui sont extrêmement noirs (agan melanes) sont couards, le cas des anciens Egyptiens qui selon lui étaient agan melanes, trop noirs. Mais poursuit-il, ceux qui sont trop blancs sont aussi couards, le cas des femmes blanches qui seraient selon lui pour la plupart plus blanches que les hommes leucodermes. De Coloribus fait d’Aristote le père de la science des couleurs et dans une certaine mesure de la sociobiologie.

Les oiseaux

Aristote traite des oiseaux dans le livre IX de l'Histoire des animaux. Mais les espèces qu’il cite le sont dans le désordre et ne relève aucune tentative de classification. Les faits bien réels et bien observés sont mélangés à de nombreuses erreurs ou de légendes. Aristote affirme ainsi que si le tonnerre gronde durant l’incubation, les œufs ne donneront aucune naissance ou que le rossignol se cache durant tout l’hiver pour ne réapparaître qu’au printemps.

La métaphysique

Le mot métaphysique n’est pas connu d’Aristote. C’est pour lui la science de l’être en tant qu’être, ou des principes et causes de l’être et de ses attributs essentiels. La métaphysique pose la question de savoir ce qui fait qu’un être est ce qu’il est. Pour y répondre, la recherche aristotélicienne porte plus particulièrement sur les manières de dire l’être. Ainsi la définition des essences dépend-elle de la philosophie première.

Dans les Catégories, Aristote explique plusieurs sens de ce qui se dit simplement, i.e. de ce qui se dit sans combinaison (les termes des propositions) : substance (ο?σßα / ousía), qualité, quantité, relatif, lieu, temps, position, action, passion, avoir. Cette catégorisation est l’ancêtre des catégories de l’entendement de Kant. Cette liste est variable et semble devoir être complétée par d’autres concepts, tels que être en puissance ou en acte, privation, possession, antérieur, postérieur. Mais pour ce qui est de l’être, tous les sens dérivent du sens primitif et essentiel de l’être de la substance.

La question fondamentale de la métaphysique est donc la substance. Selon lui, en effet, toute métaphysique se réduit à la question suivante : qu’est-ce que la substance ? Le livre Z de la Métaphysique cherche à répondre à cette question (voir substance (Aristote)).

Aristote se base toujours sur le même réseau de concepts, qui sont définis dans les livres Α et Δ de Métaphysique :

  • Catégories
  • Substance
  • Acte/Puissance
  • Entéléchie
  • Les 4 causes
    • matérielle
    • formelle
    • motrice (ou efficiente)
    • finale
  • Nécessaire/accidentel

Aristote entame également les premières recherches spéculatives en théologie[3]. Il y décrit Dieu comme le premier moteur immuable, incorruptible[4], et le définit comme la pensée de la pensée, c'est à dire comme un Etre qui pense sa propre pensée, l'intelligence et l'acte d'intelliger étant une seule et même chose en Dieu[5].

Sciences pratiques

L’Éthique

Dans le domaine de l’action, Aristote distingue la praxis, action immanente qui a sa fin en elle-même, et la poïesis, au sens large la production d’une œuvre extérieure à l’agent. Cette distinction place d’une part les sciences pratiques (éthique et politique) et les sciences poétiques.

Le bonheur

Selon Aristote, toute action tend vers un bien qui est sa fin ; mais on peut subordonner les fins à la fin dernière de l’homme par rapport à laquelle elles sont elles-mêmes des moyens. Le postulat est donc l’unité des fins humaines. Il ne semble pas considérer la possibilité de conflits par exemple entre des fins techniques et des fins morales.

Le bien suprême est le bonheur, mais les opinions le concernant sont variables : ce bien serait le plaisir, les honneurs ou les richesses. Cependant pour Aristote, le bien suprême est au-delà des biens particuliers qui ne sont que des moyens par lesquels le bonheur peut se réaliser. La signification du bien n’est donc pas unique, il n’est pas une substance, mais une unité analogique entre différentes acceptions. Aristote souligne trois caractéristiques du souverain Bien :

  • l’autosuffisance ou autarcie: Le bonheur est un bien qui se suffit a lui m^me (on ne cherche pas le bonheur pour autre chose que le bonheur)
  • l’achèvement : il est fini, on ne peut rien y ajouter ;
  • son caractère fonctionnel.

Dans sa conception du bonheur, Aristote ne se limite pas à la vertu : le bonheur ne peut être achevé sans les biens du corps et les biens extérieurs. Aussi le bonheur de l’homme, s’il dépend de lui, dépend aussi des circonstances extérieures ; dire comme les Stoïciens que le sage est heureux jusque sous la torture, « c’est parler pour ne rien dire ». Au contraire, l’homme vertueux est celui qui compose avec les circonstances pour agir avec toujours le plus de noblesse possible : l’homme se contente du meilleur possible, sans être passif, et ne recherche pas un illusoire absolu.

Enfin, le dernier caractère du bien, est d’être l’acte propre de chaque être :

  • le bonheur n’est pas être, possession ou simple potentialité, il est usage effectif, activité et faire ;
  • l’acte propre de chaque être est celui qui est le plus conforme à son essence : c’est l’excellence de l’âme, dans les vertus intellectuelles et morales.

Le philosophe Jean Greisch proposait de traduire le terme ευδαμονια, par épanouissement plutot que par bonheur. En effet, le bonheur est actuellement identifié à des instants subjectifs qui procurent un certain grisement. Le bonheur chez Aristote est tout autre : il s'agit plutôt d'un état de vie constant, rationnel et vertueux, qui se vit notamment dans la sphère politique, c'est à dire dans la vie de la cité Grecque[6]. Ce bonheur est appelé bonheur humain en ce qu'il s'agit de l'épanouissement de l'être humain dans la vie de la cité, sous la conduite de la droite raison et des vertus.

Cependant, il existe un bonheur supérieur au bonheur humain : c'est ce qu'Aristote appelle le bonheur divin[7]. Il s'agit de l'activité de l'intelligence spéculative en tant qu'elle trouve sans fin en elle-même et ne vise rien de supérieur. Aristote constate qu'il s'agit là du bonheur des dieux, c'est ainsi qu'il se nomme le bonheur divin : la vie de l'intelligence est également divine par rapport à l'existence humaine. Ce bonheur que procure l'activité de l'intelligence est absoluement indépendant de tout autre chose et il est voulu pour Lui-même[8]

La vertu

La vertu (aretè, excellence) est une disposition acquise, consistant dans un "juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé par la droite règle et tel que le déterminerait l’homme prudent" (Ethique à Nicomaque). Ce n’est ni un don, ni une science. La moralité n’est pas seulement de l’ordre du logos (connaître le bien ne suffit pas pour le faire), mais du pathos et de l’êthos (mœurs). La vertu doit donc pénétrer la partie irrationnelle de l’âme, siège des vertus morales (contrairement aux vertus dianoétiques, propres à la partie rationnelle de l’âme).

Aucune définition générale de la vertu ne peut être donnée, car c’est l’expérience de l’homme prudent, son discernement acquis qui sont les critères de la droite règle. Il y a néanmoins une norme objectivable : le milieu entre un défaut et un excès, l’usage mesuré de la passion qui n’est pas une moyenne mathématique mais un équilibre individualisé et relatif à la situation. Aristote définit donc les vertus dans les situations sans lesquelles elles n’existent pas. L’existence précède ainsi le concept d’une vertu.

La vertu peut prendre deux formes: la vertu éthique ou "prudence" (phronesis) et la vertu intellectuelle ou "sagesse" (sophia).

La prudence : phronesis

La prudence, ou sagacité, (φρονεσις)[9] est une vertu intellectuelle qui s'attache aux actes contingents, c'est à dire relativement au bon agir. Cette disposition a pour fin le sujet agissant lui-même, c'est à dire que la prudence permet de se constituer vertueux[10]. Elle réglemente en quelque sorte l’usage des passions c’est-à-dire qu’elle consiste en un juste usage des passions et des affects (pathoi) selon les circonstances. C'est pourquoi, bien qu'elle soit dans la partie rationnelle de l'âme, elle ne porte pas sur le nécessaire mais sur le contingent, puisqu'elle agit selon les circonstances. La prudence consiste par exemple à savoir quand il faut être en colère, jusqu’à quel point et avec qui. Elle est donc capacité à agir selon les circonstances de façon adéquate : l'homme prudent sait appliquer, après délibération, les principes universels aux situations particulières.

La sagesse

La sagesse ou sophia (σοφια) est la vertu de la partie rationnelle de l'âme qui s'occupe du nécessaire. Elle s'occupe des premiers principes théoriques et pratiques. La sagesse est donc une science : "qui connaît en vue de quelle fin les choses sont faîtes, fin qui est, dans chaque être son bien et du souverain Bien dans l'ensemble de la nature[11]. C'est donc la science théorétique la plus élevée, c'est à dire la science architectonique par excellence[12]. Et comme elle s'attache à comprendre le monde de façon scientifique, c'est à dire à decrypter la nécessité dans les chsoes, elle prend la forme de la physique, de la cosmologie, de l'ontologie et de la théologie. Mais elle est également une totalité, savoir qu'elle englobe également la vertu de prudence (ou de sagacité) et la vie vertueuse qui est plutôt pratique.

Comme elle consiste en la contemplation des vérités nécessaires et loin des contingences, elle est dite divine[13]. Celui qui est sage (sophos) se consacre donc à une vie contemplative (bios theoretikos) loin des passions et des souffrances. C’est cette vertu qui constitue la plus haute forme de vertu selon Aristote et non la prudence.

Volonté et responsabilité

Aristote est le premier philosophe de l’Antiquité à avoir analysé les conditions de la détermination volontaire.

Certaines de nos actions ne peuvent être rapportées à notre volonté et on ne peut par conséquent nous en rendre responsables. Ces actions, ce sont celles que nous faisons par violence ou par ignorance. Nous subissons en effet quelquefois des contraintes extérieures auxquelles il nous est impossible de résister. Nous ne sommes donc pas responsables de notre conduite.

Mais un homme peut faire aussi une mauvaise action parce qu’il ignore qu’elle est mauvaise, et qu’il n’a pas l’idée d’une action meilleure qu’il faudrait faire. On ne peut donc l’accuser de faire volontairement le mal. Néanmoins, l’ignorance ne fait pas tout pardonner : il y a des cas où l’on punit l’ignorance, parce qu’il est des choses qu’il dépendait de l’homme de savoir et qu’il aurait dû savoir (Éthique à Nicomaque, III). Et ainsi, nous nous apercevons parfois de notre ignorance et notre erreur, et nous reconnaissons que nous avons mal agi. Mais, quoiqu’il en soit de notre ignorance, elle n’est jamais absolue, et nous considérons toujours les principes généraux qui doivent diriger la volonté. En conséquence, nous commettons le mal en nous trompant sur les circonstances où nous sommes et sur les moyens qu’il s’agit d’employer.

Qu’en est-il des actions faites en vue du plaisir ? Nous les faisons toujours de nous-mêmes, que nous soyons motivés par des sentiments nobles ou par l’égoïsme de la passion. Notre volonté les fait parce que nous y trouvons notre plaisir : nous en sommes donc responsables :

« Que si l’on prétend que tout ce qui est agréable et beau exerce sur nous une sorte de contrainte, attendu que ce sont des objets extérieurs, alors il faudrait dire que tout exerce sur nous un empire violent ; car c’est toujours en vue de ces choses que les hommes font tout ce qu’ils font, malgré eux et par conséquent avec peine, les autres avec plaisirs, parce qu’ils n’envisagent que le côté agréable. Or il est ridicule d’accuser les objets extérieurs plutôt que de s’en prendre à soi-même de la facilité que l’on a à s’en laisser séduire. (Éthique à Nicomaque, III) »

La politique et l’économie

La Politique est l’un des plus anciens traités de philosophie politique de la Grèce antique.

Le mot politique tire son étymologie du mot grec polis, qui correspond à la cité (dans l’étymologie latine civitas).

Dans La Politique, Aristote tend à analyser l’origine, la finalité et le fonctionnement de l’État, mais aussi à étudier le fonctionnement des régimes politiques de son époque. Son but est de dégager le meilleur régime politique possible, l’État idéal. En même temps, il veut que cela soit réalisable.

D’autre part, Aristote poussa la réflexion sur l’économie plus loin que Platon. Aristote est un fondateur de la pensée médiévale, en économie en particulier, et on trouve dans ses ouvrages des concepts précurseurs de la pensée économique moderne.

Aristote montre avec Les économiques et l'Éthique à Nicomaque la différence fondamentale entre l’économique et la chrématistique. La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est l’art de s’enrichir, d’acquérir des richesses. Selon Aristote, l’accumulation de la monnaie pour la monnaie est une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s’y livrent : suivant l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l’accumulation de richesses.

L'homme est d'abord un animal politique et social. C'est la grande thèse Aristotélicienne, sur laquelle il va batir toute sa philosophie politique. Mais antérieurement à la communauté politique, il y a la communauté familliale et le couple : « "Car l'être humain, par nature, est un être fait pour le couple, plutôt que pour la communauté politique" » [14]

Poétique

Dernière œuvre du corpus aristotélicien, probablement une des plus connues d’Aristote, La Poétique s’intéresse aux différents aspects de l’art poétique, comme la tragédie, l’épopée, et de manière anecdotique la musique. Aristote mentionne un futur ouvrage sur la comédie qui fait partie des œuvres disparues d’Aristote.

Contrairement à son maître, Platon, qui entre autres dans la République et dans les Lois s’était montré très critique envers la tragédie, considérant qu’elle avilissait l’homme et lui faisait croire sur les dieux des choses fausses, Aristote voit dans cet art un moyen pour l’homme de se purifier l’âme de ses passions.

Cette purification, ou catharsis vient de la pitié et la crainte qu’éprouvent les spectateurs envers les personnages de la tragédie. Pour que cette catharsis soit possible, il faut que les personnages soient une imitation (mimêsis) des passions humaines, des imitations aussi vraisemblables que possibles. L’intrigue, elle, doit être aussi cohérente que possible, et se dérouler sans accroc depuis la situation de départ jusqu’à la conclusion. Le meilleur exemple, pour Aristote, c’est l’Œdipe Roi, de Sophocle ; à l’opposé, la Médée d’Euripide est considérée comme un exemple inférieur de tragédie, du fait du deus ex machina final (Médée emporte les cadavres des enfants qu’elle a eu avec Jason sur un chariot de feu).

La manière dont opère la catharsis n’est pas claire, dans le texte d’Aristote. Les spectateurs des tragédies prennent plaisir à voir des scènes qui leur seraient insoutenables dans la vie quotidienne : c’est peut-être dans cette esthétisation que les sentiments peuvent se purifier.

Postérité

L’œuvre d’Aristote a eu une postérité considérable. Son œuvre s’est transmise en plusieurs étapes, tantôt avec une fidélité exacerbée, tantôt avec de profondes remises en causes.

Antiquité

Les ouvrages d’Aristote tels que nous les connaissons n’ont pas été conçus par Aristote lui-même. Le classement de ces notes en volumes est dû à Andronicos de Rhodes, le premier éditeur d’Aristote, qui vécut vers le IIe siècle av. J.-C.. Nous lui devons les titres des ouvrages d’Aristote, comme Éthique à Nicomaque ou la Métaphysique.

À la disparition du Lycée, certains travaux d’Aristote disparaissent ; des ouvrages sont perdus (dont une partie, qui n’était vraisemblablement composée que de copies des originaux, lors de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie), et la Métaphysique ne fut éditée que très tardivement.

Le philosophe latin Boèce, également consul de l’Empire romain autour de l’an 500 sous le roi ostrogoth Théodoric le Grand, traduisit la Logique et les Analytiques d’Aristote. Il laissa en outre trois livres de commentaires. Son œuvre, à la disposition des intellectuels du haut-Moyen Âge, fait de lui un relais majeur entre l’Antiquité et le Moyen Âge occidental.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, sa philosophie spéculative fut redécouverte, dans un contexte de rivalités d’écoles, grâce aux philosophes judéo-musulmans, en particulier à Maïmonide et Averroès. Au XIIe siècle se déroula un mouvement général de traduction d’œuvres de philosophes et scientifiques grecs et arabes par des érudits des trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme, islam). (Voir Hunayn ibn Ishaq). Ces traductions eurent lieu entre 1120 et 1190, à Tolède puis dans quatre villes d’Italie (Palerme, Rome, Venise, Pise), ainsi qu'à l'Abbaye du Mont-Saint-Michel. Cette période correspond à la Renaissance du XIIe siècle. Les œuvres d’Aristote furent traduites mot à mot en latin par Albert le Grand et Guillaume de Moerbeke, proche de Thomas d’Aquin.

Au XIIIe siècle, la philosophie aristotélicienne, transformée par Thomas d’Aquin en doctrine officielle de l’Église catholique, devint alors la référence philosophique et scientifique de toute réflexion sérieuse, donnant ainsi naissance à la scolastique et au thomisme. On considère que Thomas d’Aquin a effectué une réconciliation entre les œuvres d’Aristote et le christianisme. Il a notamment commenté la métaphysique , le livre de l'âme, les politiques, la logique et l'Ethique à Nicomaque. Aristote est l'auteur le plus cité dans la Somme théologique et il y a eu de nombreux conflits d'interprétation entre Thomas d'Aquin et les philosophes musulmans comme Averroes. Le succès de cette entreprise fut si grand que dans les Universités Chrétiennes, on nommait Aristote simplement « le Philosophe ».

Le franciscain Roger Bacon, au XIIIe siècle, entreprit de vérifier par curiosité certains aspects de l’œuvre d’Aristote qui n’avaient pas fait l’objet d’une révision critique. À sa surprise, il découvrit que quelques faits exposés dans l'Organon étaient erronés.

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Source : Aristote sur Wikipedia
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